Le Vénérable Thích Viên Định, Vice-Président et Secrétaire général de l'Institut de Propagation de la Foi, envoie au Bureau d'Information du Bouddhisme International cet article:
A l'occasion de la fête de la Piété Filiale, réflexions sur cet Enfer suspendu à l'envers, reflet de l'état actuel du pays.
Après plus de 30 ans de paix, le Vietnam reste un pays pauvre, arriéré, dont les habitants doivent se vendre partout. Sous le règne de la concussion, de la corruption, de la drogue, les vertus morales déclinent, la société se dégrade. Malgré les luttes incessantes du peuple, la Liberté, la Démocratie, les Droits de l'Homme, ne sont que des rêves. Pourquoi ?
Après la Seconde guerre mondiale, alors que les autres pays colonisés recouvrent leur indépendance, le Vietnam, la Corée et l'Allemagne sont divisés en deux à cause de leur lien avec le diabolique marxisme-léninisme athée. Au Vietnam, les communistes Nord-Vietnamiens ont conquis le Sud par la force pour mettre tout le pays sous leur coupe, créant ainsi une guerre fratricide. Plus civilisées, les deux parties de l'Allemagne sont parvenues d'un commun accord à la réunification, évitant un conflit meurtrier comme au Vietnam, mais l'économie allemande subit la récession car elle doit porter le fardeau de l'Est communiste pauvre et misérable. Seule la Corée ne sait pas encore comment obtenir la réunification sans une guerre fratricide à l'instat du Vietnam et une crise économique comme en Allemagne.
Après leur mainmise sur le Sud, les communistes préparent l'instauration d'un régime dictatorial à parti unique sur des bases solides, par la propagande et par la terreur, pour réaliser la "prolétarisation" du peuple par la confiscation de toutes ses richesses au profit de l'État, politique dite de suppression de la pauvreté en vue de l'accession au socialisme: de chacun selon ses capacités , à chacun selon ses besoins. Dépouillé de ses terre, de ses biens, de son argent, tout le peuple est prolétarisé: obligé de servir l'État jour après jour pour vivre, faute de conditions favorables, il n'a plus le coeur à penser ou à envisager autre chose. Les gens n'ont guère le choix: le seul patron est l'État communiste. Pas de droits civiques, pas d'indépendance, pas de liberté. Cette société égalitaire .... derrière les barreaux, c'est le "Paradis socialiste". L'absence de concurrence, de moteur du développement, conduit à l'épuisement progressif de l'économie, à l'appauvrissement graduel de la population. Cette situation a duré dix ans. On menait une vie sans dignité, dévorée d'angoisse et de souci, car personne n'osait faire, penser, dire autre chose que chercher à gagner sa vie. On avait des yeux, des oreilles, une langue, mais on était comme aveugle, sourd et muet. C'est ce qui permettait au pouvoir de se perpétuer. Le Parti se considérait comme "l'intelligence de l'homme, le coeur de l'humanité" : quiconque exprimait des doutes ou des idées différentes était aussitôt taxé de bourgeois réactionnaire, acculé à la misère, jeté en prison. L'État communiste a obtenu un premier succès solide: "la prolétarisation", instrument de paupérisation du peuple, l'idéal du socialisme, est aussi un moyen efficace pour imposer et perpétuer le régime dictatorial du parti unique. Appauvrir les gens est la politique utilisée par les communistes pour les rééduquer et les entraîner à obéir au doigt et à l'oeil. le Vietnam est devenu une ferme gigantesque (ou plus exactement un hospice) appartenant au Parti communiste vietnamien. Le droit de vie et de mort est entre les mains du Parti et de ses créatures.
Si cette situation restait inchangée, le Vietnam ressemblerait à la Corée du Nord actuelle. Mais cela ne pouvait pas durer ainsi, car les 3 millions de vietnamiens d'outre-mer envoient souvent de l'argent et des cadeaux à leur famille, ce qui permet aux gens du pays de se faire une idée de l'opulence et de la pauvreté. En outre, ma population du Sud a vécu sous un régime capitaliste libéral et ne peut donc se laisser tromper indéfiniment par la propagande mensongère des communistes, surtout depuis le bouleversement intervenu lors de l'effondrement des régimes communistes de l'Union soviétique et de l'Europe de l'Est.
C'est pourquoi, en 1986, les communistes ont opéré un changement avec la seconde étape, le "renouveau économique", afin de maintenir le régime en place dans ces circonstances différentes.
Avec ce label du "renouveau", les communistes utilisent l'appât des intérêts pour rallier les gens en accordant des faveurs et des récompenses, des privilèges et des profits exorbitants, à leur partisans et acolytes: ainsi, ils consolident leur clan et la toile de leur pouvoir dictatorial à parti unique. Seuls les membres de cette coterie et les flagorneurs ont le droit de faire du commerce en toute liberté. Les nationalistes indépendants et autonomes, les religieux authentiques, les démocrates aux opinions politiques différentes, continuent à être harcelés, isolés, étouffés économiquement. En 2006, le parti communiste permet à ses membres de faire des affaires selon les règles du capitalisme libéral tout en restant "fermement attachés au maxisme-léninisme": ce n'est qu'un prétexte pour maintenir la dictature du parti unique et préserver les intérêts particuliers de leurs coterie, car, en vérité, il n'y a plus d'idéal. Les dignitaires du régime gouvernent, font des affaires, supervisent, contrôlent, tout à la fois: l'exécutif, le pouvoir judiciaire, sont entre leur mains, sans aucune distintion nette. En peu de temps, les communistes sont devenus des "capitalistes rouges" . En revanche, toute la population s'est transformée sans autre forme de procès en "prolétaires", nous l'avons vu plus haut, doit travailler comme salarié, et même, se vendre comme épouse, domestique, esclave sexuel dans des pays étrangers !
"Libéralisme économique, autoritarisme politique", ce système flou et bancal déroute les dirigeants comme les membres du Parti. Un pouvoir aux conceptions confuses, boiteuses, comment peut-il diriger le pays et servir le peuple ? Sont apparus la bipolarisation en riches et pauvres, la bureaucratie et la corruption, ainsi que d'innombrables problèmes sociaux.. Le régime du parti unique ne peut plus contrôler les maux générés par la société. Mais, hélas, il n'existe pas d'organisations civiles non gouvernementales capables de résoudre ces questions épineuses.
Une société multipolaire exige des institutions pluralistes conséquentes. une économie de marché capitaliste et libérale, sans liberté d'information, liberté de la presse, liberté d'association, constitue un terrain propice à la prolifération de la corruption et de la concussion, des vols et escroqueries, source d'innombrables fléaux conduisant à l'appauvrissement de la population et à la décadence de la société et des moeurs.
Ainsi, la perti communiste, malgré sa détermination à suivre l'idéologie prolétarienne du maxisme-léninisme, autorise ses membres à s'enrichir par les affaires et le commerce selon les lois du capitalisme, en contradiction avec ses propres positions. D'autre part, si le parti communiste a compris les erreurs du maxisme-léninisme et la nécessité d'édifier une économie de marché capitaliste, mais refuse pourtant d'abandonner cette idéologie fausse comme l'ont fait des partis communistes de l'ex-Union soviétique et de l'Europe de l'Est, et persiste dans sa détermination à maintenir le peuple sous son joug dictatorial et le pays dans un état d'arriération économique, alors, ce parti communiste mérite-t-il encore son statut de dirigeant ?
A l'époque de la civilisation, chaque parti politique doit afficher clairement ses tendances pour orienter le peuple dans le choix des tenants du pouvoir. Ce n'est pas le cas du parti communiste vietnamien. En 1975, il a conquis le Sud par la force et depuis, a établi son régime dictatorial sans élections libres. Le peuple vietnamien n'a jamais voté pour le parti communiste. Récemment, séest déroulé le renouvellement des titulaires aux postes-clés du gouvernement tels le président de la République, le Premier ministre, etc.... Pourtant, les vietnamiens se comportaient comme des spectateurs étrangers indifférents, attendant les résultats, sans pouvoir émettre d'avis ni intervenir. Cette élection des dirigeants qui tiennent entre leurs mains le destin de notre nation, de tout notre peuple, se passait enfin comme dans un autre pays. Les citoyens vietnamiens ne possèdent aucun droit: ils sont dépouillés de tout, Démocratie, Droits de l'Homme, liberté d'information, liberté religieuse. En particulier, la répression des religions fait partie de la nature intrinsèque du communisme athée. Le Vénérable Thich Thien Minh est décédé sous la torture en prison en 1978. Dernièrement, à la fin du mois du Juin 2006, lors du procès du vol des antiquités dans la province de Bac Giang, l'un des bonzes injustement accusés, le Vénérable âgé Thich Đức Chính a succombé à la torture, en prison, tandis que les autres, également torturés, étaient des morts vivants victimes d'une injustice incommensurable, dont les pleurs et les lamentations couvriraient la terre tout entière.
Ecoutons leurs témoignages accablants:
"... Affolé, je criai: "Le sang, le sang, Monsieur Túc, au secours, ne me battez plus !"" Ils dirent à l'unisson (en entendant mes cris): - Nous te battrons à mort, c'est notre mission. L'hôpital t'enterrera si tu meurs. La loi est de notre côté, tu le sais ? "
" Complètement dévêtu, les bras liés dans le dos, j'étais pendu au plafond. Le dénommé Túc écrasait sans cesse une cigarette allumée sur mes deux fesses, malgré mes contorsions pour l'éviter, jusqu'au moment où je perdis connaissance à force de hurler de douleur. Quand je revins à moi, ils reprirent leur procédé de torture moyennâgeuse, attachèrent une lanière de tissu à mon scrotum, tout près des testicules, tirèrent dessus d'un coup sec, causant une douleur fulgurante dans la verge. Je ne souffrais pas seulement dans ma chair mais aussi dans mon coeur : la douleur pénétrait dans mon cerveau quand je compris qu'ils me considéraient comme une bête destinée à les distraire. Muet de souffrance, je pensais que mes organes sexuels étaient détachés de mon corps, alors qu'ils riaient bêtement entre eux :"Tu es un bonze, tu n'as donc pas besoin de ce truc-là, jette-le. Allez, on va te donner un coup de main." (Thích Tâm Thương, à l'état civil Lê Văn Thương, Acte d'accusation "L'enfer socialiste du Viet Nam, broyeur d'entrailles").
"... Ils ne nous donnaient ni à boire ni à manger, ils nous suspendaient de toute les façons, puis nous frappaient au ventre après nous avoir étendus sur le sol. Pendant 6 mois, j'étais près de la dépression nerveuse, brisé par les coups et le fouet, avec le postérieur souillé d'excréments et la bouche ensanglantée, généralement parlant comme au Moyen Âge. (....) . Les responsables chargés de la protection des prévenus agissent comme des voyous déshumanisés (la victime Dương Phúc Thiện)".
"... Un prévenu vomi à force d'être piétiné; il est obligé de manger ce qu'il a rendu, sous peine d'être torturé à mort (témoignage du petit bonze Thích Đạo Sơn, alias Nguyễn Quý Đoan). Un autre doit manger des souris, des blattes mortes: incapable de le faire, il fut torturé, sa langue tiré jusqu'à un empan hors de la gorge (témoignage de l'oblat Dương Phúc Thịnh)".
"... Dans ce cas particulier du procès du vol des antiquités (sans aucune preuve matérielle), le comportement des enquêteurs à l'égard des prévenus (frapper un innocent pour le transformer en coupable, continuer à le torturer pour le faire avouer), les procédés utilisés dans les actes d'accusation du parquet (obscurs, tortueux, absurdes), la subornation de témoins (un faux témoin touche 500 000 đồng VN), de même que la tenue des audiences du tribunal (rempli de policiers et de chiens de berger), etc... prouvent suffisamment que les autorités judiciares de la province de Bắc Giang s'opposent ouvertement à la population et à sa volonté (L'affaire du vol des antiquités de Bắc Giang, un procès typique).
Ainsi, depuis 1975, les vietnamiens ne jouissent pas de la protection de la justice et du droit comme les habitants d'un pays sous domination étrangère. Le peuple vietnamien existe-t-il encore dans ce pays ? Ou est-t-il devenu la propriété et le serviteur du Parti communiste marxiste-léniniste ?
Quelle pitié pour le peuple vietnamien qui, après les horreurs de la guerre, doit vivre dans la misère, la terreur, la martyre des emprisonnements. L'angoisse, la peur, l'insécurité pèsent en permanence sur les gens: ils perdent toute volonté de résistance, n'osent pas distinguer le bien du mal, ne pensent qu'à pourvoir aux besoins d'eux-même, de leur famille, de leur épouse, de leurs enfants, sans s'intéresser à quoi que ce soit d'autre. Les communistes, en revanche, utilisent le stratagème de la carotte et du bâton en même temps que la propagande, l'octroi de faveurs et de récompenses, pour obtenir le ralliement, la participation et la coopération des personnes crédules et superficielles, malinformées et peu courageuses. Le noeud coulant trop serré empêche de respirer: il suffit qu'il soit désserré pour que ces victimes, se sentant un peu plus à l'aise, se réjouissent vite et se confondent en remerciements. Elles ignorent que le noeud coulant reste collé à leur cou, les empêchant d'aller où elles veulent. Qu'il est difficile à concrétiser, le rêve de Liberté, de Démocratie, de Droit de l'Homme du peuple vietnamien ! Néanmoins, après la pluie, le beau temps.
Pour supprimer cet enfer suspendu à l'envers, pour libérer le peuple du joug de la dictature communiste, pour que la nation devienne riche et prospère, il faut en premuer lieu exiger la liberté d'information. Quand les circulent librement, les citoyens pourront distinguer le vrai du faux, le bien du mal, sans crainte d'être encore dupés. La liberté d'information, telle la lumière d'une lampe, dissipera les ténèbres engendrées par les dissimulations et les escroqueries. Le peuple, libéré de ses peurs, reprendra courage, surtout les jeunes, les intellectuels et les lettés, ainsi que l'a écrit le Vénérable Thích Quảng Độ, Président de l'Institut de Propagation du Dharma, de la Congrégation Bouddhique Vietnamien Unifiée, dans sa lettre de voeux du Nouvel An Ất Dậu 2005:
" Le bonheur peut être recrée, la liberté peut être instaurée, l'esclavage peut prendre fin. Je vous prie d'agir pour barrer les routes du Mal, sonner les cloches du réveil, faire retentir les roulements de gros tambours ouvrant la Voie du Bien en l'année Ất Dậu 2005, la voie de la Démocratie pluraliste menant le pays à la stabilité, au développement et à la paix dans la joie. Il ne faut pas croire qu'une police nombreuse, un réseau carcéral dense et une armée puissante assurent la pérennité d'un pouvoir. La volonté du peuple constitue la base la plus solide d'un régime politique."
N'est-ce pas la raison pour laquelle, tout récemment, sont apparus des signes positifs sous la forme de ces voix s'élevant de toutes parts pour réclamer la démocratie, comme un drapeau qu'on a agité pour la première fois ? Puis, les ouvriers, les paysans et enfin, certainement, les 83 millions de vietnamines se dresseront ensemble, parleront d'une même voix, pour supprimer le régime dictatorial à parti unique et instaurer des institutions pluralistes, officialisant le multipartisme, la liberté et la démocratie, les Droits de l'Homme, tout ce dont le peuple doit pouvoir jouir naturellement à l'ère de la civilisation et du progrès de l'humanité.
Thích Viên Định
> Traduction en vietnamien (Bài dịch sang tiếng Việt)
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